• Aimée - fin de sa vie

     Aimée a remarquablement surmonté le choc du décès de son mari alors qu'elle n'avait qu'un peu plus de 40 ans et n'avait jamais travaillé.

    Aimée - fin de sa vie

    Elle a trouvé un emploi de conditionneuse au coin de sa rue dans une pharmacie qui fabriquait des "inhalo bols", des bols pour inhalation et a poursuivi cette activité avec plaisir jusqu'à sa retraite.

    Elle a fait l'acquisition du deux-pièces familial de la rue Jules Guesde, avec le produit de la vente des terres de Bouzy d'après ce que j'ai compris. Elle l'a conservé sans y changer quoique ce soit à travers les années.

     

    Rue Jules Guesde - rue Vercingétorix.

    Le 1 rue Jules Guesde se trouvait juste après l'angle de la rue,face à l'hôpital Léopold Bellan

     

    On trouvait à leur place les instruments d'Armand, piano, contrebasse, violoncelle, pas toujours dans leur housse, bien entretenus et brillants. L'entrée donnait sur une cuisine carrée  et sur la salle à manger. La cuisine aux murs blancs ou crème dont l'évier étincelait, contenait outre la cuisinière une table recouverte de toile cirée et un buffet. Tout était méticuleusement rangé. Mes parents m'encourageaient, enfant, à cacher ses clés ou d'autre objets à chaque visite, ce que je comprenais comme une petite vengeance par procuration. Ils me félicitaient quand j'avais trouvé une bonne cachette.

    Armand  

    Aimée - fin de sa vie

    Armand devant son piano avec son violoncelle. En son absence rien n'a changé, sauf la lionne que je me souviens d'avoir vue sur le buffet (mais qui sait?)           

    Dans la salle à manger, la table occupait presque toute la place, mais on y avait encore entassé un fauteuil transformable en lit et un buffet bas sur lequel trônait une lionne en faïence craquelée, on y voyait aussi les trois singes de la sagesse.  Le piano occupait le mur du fond entre la fenêtre et la porte de la chambre comme sur la photo. L'appartement était chauffé par une salamandre placée dans la cheminée dont le feu de boulets luisait à travers les vitres de mica .

    Cette pièce donnait sur la chambre à coucher un peu en pointe et qui contenait un grand lit, une armoire et une grande commode, la contrebasse et un seau en faïence car les toilettes à la turque se trouvaient dans l'escalier.

    Les dimanches peu fréquents où nous venions déjeuner, il y avait toujours au menu du gigot d'agneau aux flageolets, de la salade et du quatre-quart.

    Grand-mère Jeanne, sa mère est venue habiter avec elle. Mes parents disaient qu'elle avait vendu ses terres au bénéfice d'Aimée. Jeanne n'avait pas de vie autonome, elle restait silencieuse et modeste, assise dans son coin, mais elle me parlait volontiers et aimait lire mes livres de la collection Rouge et Or que je lui prêtais.

    Aimée - fin de sa vie

     Grand-mère Jeanne devant l'entrée du 6 Villa du Dr Serre à Vincennes

     

    Un jour, on m'a dit qu'elle était à l'asile près de Bouzy, à Ay, elle aurait perdu la tête. Nous y sommes allés une fois. C'était un dortoir avec des lits de part et d'autres de l'allée, un poêle en fonte en bout de salle. On m'a dit qu'il avait fallu lui cacher ses chaussures pour qu'elle ne s'enfuie pas.

     La

    la tour Chephren                                                                                                                                    La tour Képhren

    Mais voici que les grands travaux du quartier Montparnasse viennent perturber la routine d'Aimée. Elle est expropriée, indemnisée, et se retrouve tour Chéphren ou (Képhren), 7 square Dunois dans le 13e*.  Elle y occupe au troisième étage un vaste deux pièces avec loggia et tout le confort. A part sa famille avec qui les relations restent peu spontanées, qui reçoit-elle? Elle donne à manger aux pigeons. Je vais parfois déjeuner chez elle et tâche de recueillir quelques souvenirs, elle me les raconte volontiers. Elle me donne souvent un billet de 50 Francs pour m'aider, ce n'est pas de refus de ma part mais elle s'en plaint après auprès de mon père.

    A son tour de perdre la tête, sans doute à cause de son hypertension mal soignée. Je suis à l'époque tenue à l'écart de ce qui se passe et j'ai d'autres problèmes. J'apprends qu'elle se retrouvé à Ivry-sur-Seine à l'hôpital Charles-Foix (ex hospice d'Ivry), un choix judicieux et aimant de son fils René... Il liquide tous ses biens, se plaignant du tracas que tout cela lui cause. L'image de sa mère amoindrie lui est pénible, il privilégie des explications qui attribuent son état à une cause exogène, par exemple l'effet nocif des casseroles en aluminium.                                                                   

     

    J'ai été la voir plus tard, elle m'a reconnue, elle était très amaigrie et affaiblie. Je n'y suis pas retournée à temps. Je me suis occupée de son enterrement, mon père n'était alors plus en état de le faire.

     

    Hôpital Charles Foix Ivry

                           Photo de l'hôpital Charles Foix prise par Groume le 10/09/2011 / Flickr

     

     

     

     

     

    *La tour Kephren date de 1974 selon un site. Sur les tours égyptiennes du Chevaleret: Quelques informations , et d'autres

     

     

     

     

     

    « Introduction de ce blogLa montagne de Reims: terre de mes ancêtres Beaufort, Canot. »

    Tags Tags : , , , , , , ,
  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :