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Grand-père Louis, oncle René et Paul MARIA
Louis Maria
René Maria
Trois frères d'une famille des Deux-Sèvres: Paul, René et Louis
François Pierre Maria était fermier à Châtillon-sous-Thouard, Il ne savait pas écrire. Son fils Pierre Joseph Maria né en 1860 était instituteur public* de l'école laïque à Parthenay et refusait d'entrer dans une église. Sa femme Marie Mélanie Verdon, institutrice publique* aussi, n'était pas la mère du fils aîné, Paul, né d'un premier lit. Marie était menue et très sobre, elle enseignait à ses petites filles Étiennette et Christiane qu"il faut toujours garder de la place pour une tartine à la fin du repas". Elle devait aussi être bonne ménagère: elle organisait des concours d'épluchage entre Étiennette et Christiane. La gagnante était celle dont le tas d'épluchures était le plus léger avec les épluchures les plus fines. Sur la fin de sa vie Pierre Joseph aurait perdu la tête. Il est mort en 1946. C'est ce qui m'a été transmis par ma mère.
*ces termes figurent sur l'acte de naissance de Louis
Il était question d'une tante Adeline, bigote à Angers dont je ne savais rien de plus mais j'ai eu récemment d'autres informations. C'est elle qui tricote sur la photo.
Pierre Joseph, Marie, Christiane, Étiennette et ...
Paul Maria a vécu toute sa vie dans les Deux-Sèvres. Il s'était mis en ménage avec une gitane diseuse de bonne aventure, Lucette, dont la fille, Carmen avait plusieurs enfants hors mariage, Étiennette m'en avait parlé d'un ton humoristique et condescendant . Paul guérissait le bétail, il magnétisait les vaches. Nous sommes allés les voir une fois, c'est dans la voiture que j'avais eu ces explications. J'ai retrouvé une photo de notre visite.
Nous avons été reçus dans un petit logement ancien et sombre, bas de plafond au rez-de-chaussée d'une maison qui donnait dans une rue étroite pavée. Je me souviens d'une table ronde, j'espérais une boule de cristal mais on m'a dit que la compagne de Paul faisait de la voyance par les cartes. C'était à Niort je crois. mais ce pourrait être La Rochelle. Un croisement d'arbres généalogiques me confirme que Paul était bien né d'un premier lit, sa mère est morte quand il avait deux ans. J'apprends que la femme que j'ai rencontrée était sans-doute sa deuxième épouse. Après des recherches complémentaires, j'ai obtenu l'acte de son premier mariage à Paris en 1919, il était alors employé de commerce et son épouse secrétaire au ministère de la guerre. Du côté MARIA, les deux témoins s'appellent Gustave et Léon MARIA, habitent le boulevard Saint-Michel mais pas ensemble, ils sont chef de bureau et secrétaire à la Banque de France. Qu'est-ce qui a conduit Paul à rentrer dans son département d'origine et à vivre en marge de son milieu de naissance? Il n'a pas divorcé, Pauline est morte à Neuilly-sur-Marne en 1953 et il s'est remarié en 1954 à Parthenay avec Églantine Rachel Amanda Fort. Coïncidence ou pas, un grand hôpital psychiatrique pour femmes se trouvait à Neuilly-sur-Marne, on y accueillait les internées de Paris.
Moi et une petite-fille de Lucette
René et Louis Maria sont nés à Moutiers-sous-Chantemerle, arrondissement de Parthenay. Après leurs études secondaires en internat au lycée Fontanes à Niort*, Louis monte à Paris où il se marie contre l'avis de ses parents, René étudie à l'école des Mines à Nancy, puis est directeur de mines à Laurium où il est agent consulaire.
Journal officiel grec, décret de nomination en tant qu'agent consulaire:
Après la guerre, ils résident tous les deux à Paris et se voient régulièrement. Le contact avec Paul semble très distendu.
*Je possède des bulletins de Louis, aucun de René, mais avec une différence d'âge de deux ans, il est plus que probable qu'ils ont fréquenté le même établissement.
Quand il ne venait pas chez mes parents, Louis allait déjeuner le dimanche avec René et sa femme Suzanne dans leur appartement du 24 rue Desbordes-Valmore dans le 16e. Il restait le moins possible chez lui du vivant de Germaine. Après sa mort, il s'est mis à inviter chez lui. J'ai retrouvé des photos d'un déjeuner chez lui avec mon amie Agathe et son mari Mickaël. Après la mort des deux personnes qui lui étaient le plus proches, Étiennette et son frère, il a souvent passé le dimanche avec sa fille cadette Christiane (qui n'était pas sa fille mais peu lui importait).
Il se rendait régulièrement au manoir de son frère à Saint-Hilaire-les-Andrésis où il entretenait une rangée de ruches au fond du parc. Je conserve de lui un gros manuel d'apiculture. Je suis allée quelques fois aux Andrésis avec mon grand-père et mes parents en l'absence de mon grand-oncle René.
Une fois que nous étions là-bas, Louis a soulevé le couvercle d'une ruche, il a pris une abeille, l'a posée sur son bras, et m'a dit "tu vois, les piqûres, c'est bon pour les rhumatismes". Cela me rappelle qu'il avait expliqué à ses filles qu'un guépard, c'est un comme un gros chat qu'on caresse, avec une morsure pour conséquence, j'ai oublié les détails.
Il y avait une grande différence entre notre monde petit-bourgeois, et celui de René diplômé de l’École des Mines de Nancy en 1921 et nommé ingénieur civil des mines, directeur des mines françaises de Laurium et agent consulaire en Grèce en 1934, ingénieur-conseil à la banque d'Indochine à son décès en 1973. Je n'ai jamais mangé chez René. Je n'ai vraiment visité son appartement qu'après sa mort pour le partage de quelques objets non encore attribués. Christiane a eu la commode chinoise rouge, Louis le secrétaire à abattant et j'ai hérité des deux. Louis et Agathe Saint-Hilaire-les-Andrésis - La Cléry
Louis devant le manoir des Andrésis
Potager
Les Andrésis vue aérienne
Des études de Louis après son bac dont il réussit la première partie le 13 juillet 1918 avec la mention passable, je ne sais rien. Peut-être s'est-il arrêté là contrairement à René qui est devenu ingénieur des mines et a suivi une carrière correspondant à son diplôme. Coïncidence? En faisant quelques recherches, j'ai constaté que leur père, Pierre Joseph, avait sollicité des permis d'exploration minière dans les Deux-Sèvres sans grand succès il est vrai.
La carrière de Louis fut assez modeste. Il a travaillé à l'institut Pasteur d'où il s'est fait renvoyer. En 1925, il est employé de commerce. en 1928 agent d'assurance et dans les années 1960 jusqu'à sa retraite chef d'atelier à la SNECMA*. Il portait alors une blouse blanche avec des stylos de couleur dans la poche de poitrine. Après sa retraite il a trouvé un emploi dans une agence de tourisme près de la Nation où il a continué à travailler presque jusqu'à sa mort juste avant ses 80 ans. Le personnel de cet agence a fait partie des rares personnes à se rendre à son enterrement.
Louis était un homme calme et agréable, discret, sympathique mais il avait peu d'attaches en dehors de sa proche famille. Il semblait éviter de s'impliquer. A la fin de sa vie, il s'est laissé charmer par des jeunes femmes dont la dernière s'est installée chez lui. Elle n'est pas allée le voir à l'hôpital lorsqu'il y a été transporté.
Il avait un pacemaker. Un jour, il a fait un malaise dans le métro et a été transporté à l'hôpital. Il n'est jamais revenu chez lui. Je suis allée le voir avec mon fils Feth qui avait deux ans. On était en décembre 1979, Feth lui a demandé de chanter "Mon beau sapin", il lui a répondu qu'il aimerait bien pouvoir. Il est mort peu après durant la nuit. Une aide-soignante avait les yeux pleins de larmes, elle me disait qu'il lui avait dit des poèmes. Il lui avait donné une copie de l'un d'entre eux qu'elle m'a montrée . Il avait recopié soigneusement des poèmes dans deux petits classeurs que je possède encore, une anthologie personnelle.
Ses goûts dataient un peu. Il aimait les poésies de Paul Géraldy. En musique il était particulièrement ému par Puccini, Madame Butterfly. Il aimait, disait-on, faire la cuisine d'après des recettes de grands chefs mais je n'ai pas grand souvenir d'avoir goûté de ses réalisations. Je crois qu'il a rêvé à un monde plus beau.
Le faire-part de décès de René reflète une réalité sociale bien différente.
De René Maria, j'ai suffisamment entendu parler, par Louis surtout, pour pourvoir en parler un peu. Il avait connu un amour partagé avec Suzanne Marx, une femme plus âgée que lui de quelques années. Sa famille à elle aurait désapprouvé ce mariage parce qu'il n'était pas juif et peut⁻être aussi parce qu'il était issu d'une famille modeste. Suzanne était une femme cultivée, elle aurait fait une traduction du roman "Autant en emporte le vent". Ils menaient une vie de grands bourgeois que Louis aimait partager. Il n'eurent pas d'enfants et veuf, René ne s'est pas remarié. En revanche il a été séduit par une jeune femme ambitieuse qui lui a proposé d'investir dans sa société, cela lui a coûté son manoir et l'essentiel de ses biens dont il ne restait plus grand chose à son décès en 1973.
L'anthologie de Louis et son manuel d'apiculture
Notes: le manoir des Andrésis n'est pas le château
Le 24 rue Desbordes-Valmore a été le domicile de René de son mariage à son décès.
*La SNECMA était alors située sur le Bd Kellermann.
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