Adoncques René revint d'Allemagne et pour tenir sa promesse à Louis Maria, se rendit avenue de la République afin d'annoncer à sa famille le retour prochain de son compagnon de captivité.

Immeuble en pierre de taille, six étages à grimper sans ascenseur mais avec des tapis et des banquettes. Dans le salon Louis XVI dont le ménage est fait par les filles Maria, il raconte avec un accent parigot inusité en ces lieux ce qu'il a à dire. Cachées derrière le canapé (étonnant mais je répète), Étiennette et Christiane se marrent. D'autres visites suivent.

Étiennette est plus ou moins fiancée à un officier américain. Elle est encore mineure, la majorité est à 21 ans à l'époque. Pour des raisons qu'elle n'a jamais vraiment exprimées, lorsque René lui propose de l'épouser, elle accepte. Il l'amuse, il est différent. René est encore marié (voir René un désir de revanche) mais ce n'est pas le pire.

En mère noble, Germaine déclare avec hauteur: "Tu n'épouseras pas un ouvrier!", "Si" lui répond sa fille, ou quelque chose d'approchant. Germaine lui lance un vase au front, sur quoi Étiennette quitte le domicile, sans rien emporter même pas sa dernière paie mais prend soin de déclarer à la police qu'elle était maltraitée, avec pour preuve une plaie au front béante. Comment a-t-elle vécu jusqu'au mariage? Combien de temps cela a-t-il duré? Je n'en sais rien.

Le jour du mariage vient le 3 août 1946, Louis veut y assister mais Germaine cache ses vêtements pour l'en empêcher, il parvient tout de même à s'échapper. Assistent donc au mariage si j'ai bien compris, Louis, Christiane, Aimée et Armand. (Armand meurt quelques semaines plus tard)

Étiennette n'a rien, le tailleur noir est son meilleur vêtement, voilà pourquoi elle se marie en noir. De fête de mariage, il n'est fait mention nulle part.
Mais le courage ne leur manque pas et ils ne sont jamais plaint de la pauvreté de leur cérémonie de mariage.

          (Aimée a noirci la figure d’Étiennette

Quand René lui avait présenté Étiennette, elle s'était exclamée"

Vous ressemblez à Danielle Darrieux. J'aime pas!")

)       

Je possède encore la Bible de mariage que leur a donné le pasteur de l'église réformée de Sainte-Marie (Paris). Elle est bien abîmée mais entière moins une page que j'ai arrachée, et porte des annotations de la main de ma mère,

Ma mère était protestante par sa famille maternelle et mon père détestait l'église catholique qui aurait d'ailleurs refusé de marier un divorcé.