Je n'avais jamais fait plus que feuilleter les classeurs de Louis. Mais hier, je souhaitais approfondir le sujet, et j'ai regardé plus attentivement. Voilà que je tombe sur des feuillets jaunis pliés et conservés entre deux pages.

C'est un long poème signé RM et daté du 28 janvier 1964, RM pour René Maria qui avait alors un peu moins de 66 ans et était veuf depuis trois ans. Après un début pastichant divers poèmes connus, il y raconte avec un certain humour et une franchise estimable comment il a passé des vacances de ski avec une jeune Anouchka âgée de 20 ans, et sa déconvenue de se voir préférer des skieurs plus jeunes et plus grands. Il était assez petit car il mesurait  exactement 1m64, ce chiffre figure sur une demande de carte d'identité conservé dans les papiers de Louis.

Qu'ont donc les hommes vieillissants de ma famille à être si vulnérables à l'attrait de jeunes femmes forcément intéressées? Louis avait plus de sagesse que son frère, il me disait parlant de sa dernière amie: "c'est un petit oiseau", il ne voulait pas l'encager et acceptait son manque d'amour sans se plaindre, contrairement à René qui se complaît dans la plainte,"René le toujours mal-aimé".

Pour Louis, le manque d'amour allait de soi et était accepté avec simplicité, mais comment a-t-il supporté le manque d'égards?

Un doute me vient à présent: qui a réalisé l'anthologie calligraphiée? Louis ou René?