Vendanges en Champagne, sans doute Bouzy

L'histoire racontée et l'image ou Pourquoi regarder des photos de famille?

L'histoire racontée: Elle était moche, fruste et bête, presque une naine. De retour de Verdun, le soldat démobilisé Armand qui passait par la Champagne trouva du réconfort ou un peu de joie chez elle. Hélas elle tomba enceinte alors qu'elle n'avait que 16 ans. Elle dut quitter son village pour habiter avec lui à Paris dans une chambre de bonne où elle donna naissance à mon père René. Aimée rendit la vie d'Armand infernale à force de reproches et ne montra aucune bonté pour son fils.

Les jugements de valeur sont de ma mère qui se définissait comme altruiste, intelligente, jolie et élégante. Mon père détestait sa mère tout en ne rompant pas avec elle. Sa famille à elle aurait dit qu'elle avait été trop gâtée.

 Voyons les photos maintenant. Aimée a 30 ans si les dates au dos sont exactes.

Elle a un sourire un peu timide, rien de son aspect renfrogné que j'ai connu enfant. Elle est assez féminine, un peu gaie. Je ne la reconnais pas bien sur ses photos plus jeune. Par déduction, la voici avec Armand prise à Nice au 6 e étage fin 1920 à 17 ans (Quel est l'intérêt de l'étage?)  Et là, avec mon père René enfant:

 Ce n'est plus une caricature. Je m'y trouve une ressemblance.

Une femme malheureuse qui savait faire de grandes scènes hystériques. Elle a rendu son fils malheureux. Pas un monstre. C'est une évidence intellectuelle qui devient sensible avec les photos.

Elle menaçait de sauter par la fenêtre, "Allez-y!"  lui disait ma mère, ce qui l'aurait stoppée.

Veuve précocement, elle a trouvé un travail dans la pharmacie au coin de sa rue et y a travaillé comme conditionneuse jusqu'à sa retraite vivant de façon ordonnée, propre et économe mais sans aucun charme. Mimi c'est elle telle que je l'ai connue.

Pharmacie au coin de la rue de l'Ouest - Paris 14e

 Armand, je ne l'ai pas connu. Je le découvre sur ces photos. Il est mort avant ma naissance. Il est pas mal sur les photos. La seule chose que j'ai apprise à son sujet, c'est qu'il était musicien de profession, qu'il regrettait ce choix et recommandait à son fils de faire tout sauf ce métier. Il courait le cachet, parfois embauché à la soirée sur le trottoir de Montparnasse. Aimée conservait dans son appartement de veuve le piano, la contrebasse et le violoncelle.

Ce que je sais d'autre de lui, c'est qu'il était "gentil", commentaire unanime.

Je connaissais cette photo de lui. Elle a été prise dans leur logement rue Jules Guesde.