• Miracle des fiches militaires. Sur celle de mon père, figure l'adresse: 3497 rue Daudurand Montréal à la date du 11/09/1951, le retour est noté en 1953 à l'adresse de grand-mère Aimée. C'est à cette époque-là que mes parents m'ont laissée chez Mme Vander le temps de retrouver un logement. Ils m'ont dit qu'ils étaient à l'hôtel.

    En fait ce n'est pas Daudurand mais Dandurand. En fait ce n'est pas Daudurand mais Dandurand.  Streetview montre une rue dont les maisons ressemblent aux photos faites par René.

    J'ai retrouvé mon Canada

    Il me reste quelques photos du Canada, surtout avec Carole mon amie d'alors. Qu'est-elle devenue?

    Je me souviens vaguement qu'elle vivait dans le même immeuble en sous-sol avec une grand-mère pauvre, mais peut-être est-ce erroné. Ma mère a dit qu'ils avaient voulu l'adopter et l'emmener en France.

    Carole et moi

     

     

                                   Carole et moi dansant, commentaire d'EtiennetteJ'ai retrouvé mon CanadaJ'ai retrouvé mon Canada J'ai retrouvé mon Canada    J'ai retrouvé mon Canada 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     Sur la photo de la cuisine où je m'exerce à écrire,  je reconnais la grande table de formica et les chaises qui devaient nous suivre jusqu'à Vincennes, elles ont disparu après la mort de ma mère. En regardant de près la photo, il me semble que tout n'était pas si splendide dans notre appartement de Montréal. Le mur de la cuisine n'était pas très bon état.

    Il faut que je réfléchisse à ce sentiment d’avoir retrouvé le fil de mon histoire perdue dans les brumes, filtrée par le discours de mes parents. Le récit n’en était pas mensonger mais stéréotypé avec toujours les mêmes anecdotes, par exemple celle sur les voitures à prières, ou machines à prière, dans les rues de Montréal, anecdote illustrée par une photo que je n'ai pas. Et des omissions importantes, par exemple, je n’ai appris que René avait un oncle que très tard, quand il m’en a parlé brièvement, une seule fois, lors d’une promenade alors qu’il était déjà vieux. Je n’ai même pas compris à ce moment-là que l’oncle dont il parlait, était le frère de son père, j’avais grandi sans cette notion. Ce que René m’a raconté ce jour-là semblait situé dans un lointain passé de roman populaire. Il avait le sens de la formule. Cet oncle « avait monté », disait-il avec une ironie amère,  car il avait réussi à avoir un « bar à clochards » au lieu d’un bar de gangster. Après coup  je comprends maintenant que René avait grandi non seulement au contact du « milieu » champenois mais du « milieu » de son oncle Henri, le frère de son père, natif de Poitiers.  Il n’avait pas l’accent parigot pour rien.*

    C’est lors de cette même promenade, qu’il a m’a parlé des sévices moraux que sa mère lui faisait subir, « la danse du scalp » et qu’il s’est excusé de m’avoir déshérité.

    Enfant j’ai cru que la famille d’Armand avait coupé les ponts avec lui suite à son divorce. Ma mère rendait Aimée responsable d’une sorte de détournement de majeur: elle avait séduit par sa jeunesse un brave soldat revenant de Verdun. René était le fruit d’une relation inconsidérée qui les avait tous précipités dans une vie subie plus que choisie.  De là à penser l’absence de famille du côté d’Armand comme un rejet…

    En réalité René avait fait volontairement l’impasse sur l’oncle Henri, et avec lui sur le reste de la famille Victor.

    J’ai éprouvé un sentiment semblable en retrouvant chacune des deux lignées familiales « perdues » de ma famille, celle de grand-mère Germaine et celle de grand-père Armand. Et en y réfléchissant, c’est un peu la même chose pour la famille MARIA. Cela manquait de réalité, de consistance. Tous ces gens étaient morts ou absents. Tous ces gens étaient morts ou absents. Les traces matérielles me redonnent un sentiment de réalité. Cela me fixe en quelque sorte.

     * Il semblait parler argot aussi. Mais pas avec nous.

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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